La globalisation des marchés et la signature des
Accords de Partenariat Economique (APE) par moult Etats en Afrique
Subsaharienne a placé les jalons d’une nouvelle forme de distribution peu
coutumière dans cette partie du continent africain. Plusieurs grandes enseignes
internationales, comme Carrefour, U, Casino s’exportent vers un continent
africain émergent, à travers des supermarchés et des hypermarchés. Au Cameroun
par exemple, outre ces enseignes multinationales, il y a une prolifération des
supermarchés tels que Santa Lucia, BAO, Mahima, Bel Achat, KADO… développant
des offres de qualité, orientées vers la lutte contre la vie chère.
Les différentes mutations environnementales ont aussi leur mot à dire. Les enseignes font
désormais face à une escalade de concurrence ostentatoire, s'accompagnant d'une baisse de la demande. Au regard de cette situation, l’essentiel
tourne autour de la création et du développement des relations fortes et
durables avec un consommateur fort sollicité, devenu mieux informé et de plus
en plus versatile. Sous l'effet
conjugué de l'augmentation du niveau de vie, de la concurrence et des
modifications de comportement intervenues dans la consommation des ménages, les
entreprises de commerce de détail ont été amenées, de plus en plus, à mettre en
œuvre un marketing adapté à la spécificité de leur mission. Les grandes
enseignes essayent tant bien que mal de rapprocher leurs offres de la classe
moyenne de la population qui au Cameroun représente près de six (06) millions
d’habitants[1]. Ces dernières leur
proposent des produits parfois à des prix battant toute concurrence, tout en essayent
aussi de promouvoir les produits locaux. C’est d’ailleurs ce que préconise Luc Magloire
Mbarga Atangana[2] :
« le manioc de Ngoulémakong, le plantain de Njombé, l’igname
de Mbe, la viande de boeuf de Ngaoundal, le poisson de Youpé, les
crevettes de Kribi » trouvent « leur juste place dans les rayons
(de l’hypermarché Super U de Douala), au même titre que les produits
manufacturés issus de l’importation ».
Sur ce sentier, la rencontre avec le marché classique et/ou traditionnel est inéluctable. Car il
continue d’exister et a même encore a priori de beaux jours devant lui. La
qualité des produits n’étant pas toujours de mise dans ce segment, le
consommateur continue à être proche de cette forme de marché. Les
consommateurs, notamment les ménagères, même si elles ne parviennent pas à le
décrire, estiment avoir un penchant pour le marché traditionnel que pour la
Grande Distribution Alimentaire. Elles disent aimer la chaleur et l’ambiance de
ce dernier format de distribution cité. Le défi majeur est de
comprendre l’offre additionnelle se cachant derrière les produits proposée par
les Grandes et Moyennes Surfaces (GMS) et/ou le marché traditionnel en Afrique
Subsaharienne en général et au Cameroun en particulier.
D’un paradigme transactionnel, le marketing a évolué vers un paradigme relationnel. L’adaptation au changement de style de
vie du consommateur est un impératif pour prétendre à une création de valeur,
tant pour lui que pour le secteur de la distribution. Qu’il s’agisse de la
grande distribution alimentaire ou du marché traditionnel, le recours à cette
dynamique est de mise. Les
grandes et moyennes surfaces (GMS) sont de plus en plus présentes dans la
sphère commerciale camerounaise. Elles offrent des produits alimentaires de
qualité à des prix fort appréciable. Mais ce format de distribution peinent à
attirer le plus grand nombre de consommateurs au dépens du marché traditionnel.
Au regard de l’offre actuelle dans ce segment, nous pouvons dire que les
managers mettent en place plusieurs stratégies tendant à se rapprocher des
consommateurs, pour l’accroissement de leur chiffre d’affaire.
Sur tout le continent
africain, le taux de pénétration moyen de la distribution moderne est si bas[3]
et oscille autour de 5%, laissant place à un grand nombre d’acteurs potentiels,
notamment les grandes firmes mondiales de distribution, comme Carrefour[4],
Auchan, Leclerc... Cette situation est peut-être due au fait que le
consommateur africain subsaharien ne se reconnaît pas à ce format de
distribution, qui est parfois dénué de valeurs socio-culturelles africaines. Le marketing dans le secteur de la distribution
s’intéresse particulièrement à la proximité. Les Grandes et Moyennes Surfaces ne répondent pas aux attentes du consommateur camerounais qui a besoin d’un
lieu de chaleur et de convivialité. Rendu à ce stade de la reflexion, nous
ne pouvons que dire: les
consommateurs camerounais ne sont pas proches des enseignes de Grande
Distribution Alimentaire. Reste maintenant à savoir sur quel levier s'appuyer pour qu'enfin, une histoire d'amour naisse entre ces deux entités: Affaire à suivre.
[1] Etude conjointe CFAO, BearingPoint et Ipsos,
publiée en 2015, estimait la classe moyenne camerounaise – cible prioritaire de
CFAO Retail – à près de 6 millions de personnes.
[2]Ministre Camerounis du commerce procédant à
l’inauguration le 30 juin 2015 à Douala, la capitale économique du pays, à du
premier hypermarché de la chaîne française Super U, lancée par le groupe
Mercure International que préside Adnan Houdrouge, également propriétaire des
supermarchés Casino.
[3] Propos
de Michael Chu’di Ejekam, directeur immobilier chez le capital-investisseur
Actis, l’un des principaux constructeurs de malls au sud du Sahara, dans le
magazine Jeune Afrique Economique
Force est de constater que la Grande Distribution Alimentaire est en pleine croissance en Afrique Subsaharienne en général et au Cameroun en particulier. Mais la classe moyenne de la population continue à avoir un faible pour le marché classique et/ou traditionnel. Qu'est-ce qui cloche? Qu'est ce qui se cache dans l'offre du marché classique? Les pratiques usitées par les enseignes de Grande Distribution Alimentaire au Cameroun sont-elles en phase avec les attentes du consommateur? Voilà, la myriade d'interrogations meublant nos journées. Affaire à suivre!
RépondreSupprimerArticle très intéressant !
RépondreSupprimerMerci. Nous y reviendrons, car nous sommes en train de mener une recherche scientifique sur le terrain. Nous voulons apporter une réponse à cette problématique.
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